Contact Nature est un organisme qui a un impact important dans le paysage du Saguenay.   Et quand on dit paysage dans ce cas-ci, c’est plus qu’une image.  Contact Nature est un OBNL spécialisée en gestion de milieux naturels.  Son catalogue est impressionnant.  Il gère plus de 11, 000 hectares d’espaces en grande nature au Saguenay :   des campings, des villages de pêche blanche, toutes les activités récréotouristiques de la rivière à Mars, du sentier Eucher, du centre plein air Bec Scie ainsi que les activités d’Okwari aventure. 

Ce travail de gestion a une couleur particulière, c’est qu’absolument toutes les interventions de Contact Nature prennent en compte les enjeux de développement durable (DD).  Il est question du respect de l’environnement bien sûr, de la flore et de la faune, mais également du respect des zones habitées à proximité de ces espaces, des communautés d’accueil elles-mêmes, tout autant que de l’intégration de préoccupation sociales dans le déploiement de services à caractère récréatif.   

Des actions concrètes

On peut facilement imaginer qu’appliquer ces nouvelles considérations n’est pas chose facile lorsqu’il est question d’espaces naturels à vocation touristiques où les visiteurs et les visiteuses jouissent d’une grande liberté.  Difficile, mais loin d’être impossible.  Sur les sites, aucune bouteille d’eau en plastique n’est vendue, la gestion de matières résiduelles fait l’objet d’une attention particulière et on a commencé à électrifier la flotte de véhicules pour le transport des employé·e·s et des visiteur·se·s surtout au Bec Scie, là où il y a le plus de déplacements. Tous les autres appareils (tondeuse, scie mécanique, etc) sont eux aussi remplacés par l’électrique quand ils arrivent en fin de vie.  Plus encore, Contact Nature évalue la capacité d’accueil de tous les espaces dont il a la gestion.  Le principe qui gouverne toutes ces actions, c’est le « sans trace ».   Autrement dit, on développe des activités récréotouristiques bien sûr, mais « on tient compte des impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil » tel qu’énoncé dans les engagements de l’organisme. 

Une vision écosystémique

Comme nous l’explique le directeur général Marc-André Galbrand, la réussite de ce défi réside dans la capacité de l’organisme d’impliquer le plus de gens possibles qui sont en contact avec ces espaces.  « Nous sommes d’une grande transparence auprès des communautés et des partenaires et même auprès des client·e·s avec lesquels on partage le plus d’information possible sur ce que l’on fait.  En résumé, notre travail est basé sur une vision écosystémique.   On est conscient que nous sommes des acteurs et des actrices de changements, mais aussi des influenceurs pour la communauté. »  Entendez par là que Contact Nature multiplie les activités à caractère éducatif sur le terrain.   L’offre est très riche et s’adresse principalement aux plus jeunes.  Pensons à la découverte de l’habitat de l’ours noir, jusqu’à l’univers du roi de la rivière (le saumon), en passant par les randonnées avec énigmes et même par la découverte de la relation de premières nations avec ce territoire qu’est le Saguenay.  Il y a du récréatif dans tout cela, mais il y a surtout autant d’occasion de découvrir la richesse du milieu et de comprendre comment y accéder et d’en profiter en tout respect.  À ce jour, des milliers de jeunes de 18 ans et moins ont pu profiter de ces activités. 

La rivière à Mars

Un des projets les plus ambitieux de Contact Nature est sans contredit la restauration de la rivière à Mars.  Un cours d’eau qui, rappelons-le, avait été entièrement bouleversé par le déluge de 1996.  Aujourd’hui, Contact Nature est un des principaux acteurs de ce travail colossal avec le gouvernement du Québec, l’UQAC et des organismes de bassins versants.   Pour l’heure, on s’active à redonner à la rivière son parcours initial, mais aussi à poursuivre le travail de sauvetage de l’habitat de sa plus grande richesse, le saumon.  Là encore, la mobilisation de tout le milieu a été nécessaire et salutaire.  « On peut dire que ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui sont à la base de ces efforts.  Ils sont les premières sentinelles, ceux qui ont vu ces bouleversements et qui sont aujourd’hui des agents de changements. »  Il y a, dans leur implication, exactement cet esprit de conservation des milieux naturels et de préservation de ces richesses collectives. 

Mentionnons qu’un autre travail important de Contact Nature est d’évaluer les menaces des changements climatiques sur la pêche blanche.  L’objectif est d’outiller la communauté pour faire face à ces bouleversements. 

Touriste ou voyageur ?

Quand on voit l’impact du tourisme de masse sur certains milieux naturels et même urbains à l’échelle planétaire, on se demande parfois si l’on peut encore voyager.  À ce propos, Marc-André Galbrand est éclairant, même inspirant.   « En fait, il faut se demander si on veut être un touriste ou un voyageur.  Le touriste, c’est simplement un client qui « consomme » un espace.  Le voyageur c’est celui qui part vers l’inconnu, qui va vers l’autre.  Dans son esprit, il est dans la découverte.  Tout cela c’est une question de posture, poursuit-il, « si on est pleinement conscient de notre impact dans un milieu dès qu’on y met les pieds, c’est une prise de conscience qui est déjà celle du voyageur ». Ce à quoi Marc-André Galbrand nous invite, c’est aussi à la découverte de nos espaces de proximité.   On sait à quel point on vit, ici dans la région, d’une richesse infinie :  des milliers de lacs, des rivières puissantes et magnifiquement belles, un fjord majestueux, un lac qui fait l’envie de tout le Québec, une nature qui ne demande pas mieux que nous accueillir.  Quelle cour arrière exceptionnelle

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Par Errol Duchaine