« Faire aimer la nature afin de la préserver »
Avec une telle mission, le Zoo sauvage de Saint-Félicien ne pouvait pas passer outre les grands principes du développement durable.
« L’équipe pensait depuis très longtemps adopter un plan d’action en DD, nous explique le nouveau directeur du Zoo, Johnatan Doucet. Mais comme bien des gens, on pensait que le DD se limitait aux questions environnementales. Quand on a compris que ça incluait aussi des préoccupations sociales, économiques et de gouvernance, on a tous été convaincus qu’on devait aller de l’avant. »
L’arrivée d’un plan d’action
Ce plan d’action est tout frais sorti du four. Il aura fallu quelques mois de réflexion et une étroite collaboration avec le Centre québécois de développement durable (CQDD) pour élaborer un plan parfaitement adapté à ce lieu, pas comme les autres. « En fait, nous explique Karen Provencher, conseillère stratégique en développement durable, c’est du sur-mesure comme à chaque fois qu’on s’assoit avec une organisation. En DD, on ne peut pas faire du copier/coller. »
Il est vrai que les défis d’une organisation agricole ou ceux d’une usine de fabrication de meubles sont bien différents de ceux d’un parc à vocation touristique qui abrite plus de 1000 animaux. « Ici le défi, poursuit Karen Provencher, était d’amener encore plus haut une organisation qui était déjà très bien structurée via le cadre des Aquariums et zoos accrédités du Canada (AZAC)). » Une accréditation qui certifie que des installations comme celles de St-Félicien répondent à ces critères exigeants quant au bien-être des animaux et à la protection de la biodiversité.
Des habitudes DD déjà en place
Le Zoo sauvage ne partait pas de zéro, avant même ce plan d’action en DD, que ce soit au chapitre de la récupération, de l’économie d’énergie, du traitement des eaux usées, de la gestion des matières résiduelles ou de l’approvisionnement local.
Reprenons cela. On sait entre autres, que le zoo profite de la proximité de la rivière Aux Saumons « ce qui nous permet de ne pas avoir recours à de l’eau traitée pour une bonne partie de nos besoins, nous explique Johnatan Doucet, mais on s’assure que l’eau que l’on retourne à la rivière soit la plus propre possible ».
Pour cela, le Zoo jouit déjà d’un système interne de traitement des eaux usées sophistiqué puisqu’en plus des champs d’épuration, deux marais filtrants contribuent à épurer l’eau avant son retour à la rivière. Un modèle dans le genre. Ces marais sont même l’habitat des grues du Japon, de grands échassiers qui y vivent des jours heureux. Le plan d’action prévoit réduire encore davantage l’usage de déglaçant, produits ménagers et autres désinfectants pour éviter tout transport de contaminants vers les plans d’eau.
Les matières résiduelles à la bonne place
La gestion des matières résiduelles est depuis longtemps une préoccupation pour les gestionnaires du zoo. « Mais vous comprendrez qu’un site touristique où les visiteurs sont libres de leurs gestes ne peut garantir que tous ces résidus vont à la bonne place », comme nous l’explique Jonhatan Doucet. Ici, ce qui reste à faire c’est de parfaitement indiquer l’emplacement des bacs de récupération ainsi que les bornes de recharge en eau potable pour les gourdes. Cela dans le but de mieux desservir les usagers des bouteilles rechargeables. Finalement, le compostage fera son apparition prochainement dans le restaurant.
Un gros village
L’ensemble des installations du Zoo sauvage est impressionnant. Les systèmes de pompage équivalent ce que l’on retrouve dans une municipalité. Les bâtiments sont nombreux, certains servant à recevoir les visiteurs et d’autres sont au service des employés. Ajoutez à cela les garages, les abris cachés et les installations d’hiver pour les animaux. Au final, un gros village. On peut imaginer que la consommation en énergie est importante. Mais, nous dit le directeur général, « soyez sans crainte, on est un OBNL, le gaspillage on ne connaît pas cela et c’est la même chose pour l’usage des ressources et de l’énergie. » Mais même si les réflexes d’économie sont déjà là, on peut aller encore plus loin. Par exemple, remplacer chaque appareil qui arrive en fin de vie par un appareil certifié Energy Star, passer à l’éclairage au DEL et s’inspirer de la certification LEED pour les prochaines constructions ou rénovations. Tout cela est sur la planche à dessin. Mais le plus gros défi à ce chapitre, c’est trouver une alternative électrique pour le train boréal qui actuellement fonctionne au diésel.
« On y travaille sérieusement, mais ce n’est pas simple. Le train a des pentes à monter. Quand il le fait rempli de passagers, ça demande beaucoup d’énergie. Devrons-nous modifier le parcours, tout est à réfléchir. »
Johnatan Doucet, directeur général du Zoo sauvage de Saint-Félicien
Le faire-savoir de tout le monde
Un des aspects très important de ce plan d’action concerne les communications. Il y est fortement recommandé de communiquer à la fois les intentions dans le rapport annuel, mais aussi à l’externe. C’est une façon efficace pour que les employés, les visiteurs et les administrateurs de s’approprier cette vision, ces valeurs et y contribuer.
Par ailleurs, il est également important de faire savoir à la communauté avoisinante ce que représente ce site touristique pour le milieu. Johnatan Doucet rappelle que « le zoo ce sont 150 employés. C’est un apport économique important pour la région. D’autant plus qu’on se fait un devoir de s’approvisionner le plus possible localement. Il faut le faire savoir et faire savoir également tout ce que l’on fait pour le bien-être des animaux et la protection de la biodiversité. » Nul ne peut le contredire. Il est vrai que de diffuser l’adoption de bonnes pratiques en DD est un travail de sensibilisation, voire d’éducation, auprès des populations.
Le bien-être des employé·e·s
Un des aspects de ce plan d’action qui a particulièrement intéressé le directeur général du Zoo, c’est tout l’aspect social et plus particulièrement ce qui concerne le bien-être des employés.
« On a une grande diversité de tâches et les risques ne sont pas les mêmes d’une tâche à l’autre. Le gardien animalier n’est pas exposé aux mêmes risques que le mécanicien. On a déjà en place toutes les mesures pour s’assurer de la santé et de la sécurité au travail, mais on veut atteindre une parfaite exemplarité dans ce domaine. On veut également accroître le sentiment d’appartenance à notre organisation. »
Johnatan Doucet, directeur général du Zoo sauvage de Saint-Félicien
De plus, dans l’avenir, davantage de formations seront offertes aux employés pour parfaire leurs compétences.
Finalement, le Zoo prévoit satisfaire aux exigences de l’Association américaine des zoo et aquariums pour l’obtention de leur accréditation AZA, qui est encore plus exigeante que la certification canadienne. On en serait tous très fiers. Soyons un peu chauvins.
Le Zoo sauvage de Saint-Félicien, c’est à nous tous et toutes !
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Par Errol Duchaine, rédacteur et conseiller aux communications du CQDD
Photos : Zoo sauvage de Saint-Félicien