Les ODÉ, vous savez ce que c’est ? L’acronyme est aujourd’hui assez connu :  des organismes de développement économique. Mais au-delà de l’acronyme, vous savez l’importance qu’ils ont dans leur milieu : favoriser la diversification et le développement économique dans l’industriel et le commercial, accompagner les entreprises dans leur croissance et leur mutation, stimuler l’innovation industrielle, attirer les investisseurs et les talents, gérer les parcs industriels, et encore davantage. Ces bras économiques des municipalités influencent leur milieu, un écosystème à la fois économique et social, et contribuent grandement au visage d’un territoire.

Pendant longtemps, on ne les a vus qu’à travers des préoccupations économiques et financières. Mais voilà que, comme dans le reste du monde des affaires, plusieurs ODÉ entreprennent maintenant une démarche en développement durable (DD). Surprenant ? Peut-être pas à ce point, mais soulignons que ces organismes n’ont aucune obligation de le faire. C’est ce qui rend la démarche encore plus intéressante.

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Les motivations

On a voulu savoir et comprendre les motivations de ces ODÉ. Pour cela, on s’est tournés vers deux femmes à la direction de deux de ces organismes : Claudia Fortin, directrice générale adjointe de Promotion Saguenay, et Sylvie Charette, directrice générale d’ID Gatineau. Soulignons d’entrée de jeu que ces deux villes sont classées parmi les 8 premières au Québec en fonction de leur population. Loin d’être négligeable.

Alors, pourquoi ont-elles plongé dans une aventure qui, admettons-le, demande beaucoup de temps et de mobilisation.

« Nous, on accompagne des entrepreneurs et on leur dit que c’est important d’avoir une politique de DD, d’avoir des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) pour qu’ils soient de meilleurs citoyens corporatifs. Alors on voulait s’assurer qu’on serait un exemple à suivre pour eux », nous dit Sylvie Charette.

Et Claudia Fortin de Promotion Saguenay d’ajouter :

« On n’a plus vraiment le choix, on est rendu là. Mon travail avec des tables de concertation sur le sujet m’a permis de constater qu’autour de nous plusieurs bougent et nous font prendre conscience de l’importance d’agir. »

L’une comme l’autre nous dit qu’entreprendre un pareil projet peut paraître titanesque, mais qu’au bout du compte c’est assez simple. Simple, mais il y a des a priori pour garantir la réussite d’une démarche en DD. Nommons-en quatre :

  1. L’appui de la direction de l’organisation
  2. La mobilisation de l’équipe
  3. La formation d’un comité dédié à ce projet
  4. Et l’accompagnement par des experts

L’accompagnement, le nerf de la guerre

Une fois que la volonté de l’entreprise est manifeste, le nerf de la guerre est sans contredit l’accompagnement.

« Il faut se tourner vers les experts, affirme Sylvie Charette d’ID Gatineau. On en a absolument besoin. Avec eux, c’est plus facile et on perd moins de temps à réfléchir à des choses auxquels eux ont déjà réfléchi. Ainsi, on avance beaucoup plus vite. »

Elle raconte qu’en début de parcours avec les conseillers du CQDD, l’équipe dédiée avait identifié 180 actions que l’organisation pouvait mettre en place. Fou ? Oui. Et on peut imaginer que tout y passe : de la gestion des matières résiduelles jusqu’aux économies d’énergies en passant par la formation des employés et les relations avec les communautés avoisinantes.

Mais ce travail préliminaire, s’il permet de mettre la table, permet également de préciser le menu. Après quelques rencontres à ID Gatineau, il restait encore 80 actions qui ont finalement été ramenées à 25. 25 actions qui ont été privilégiées parce que cet ODÉ avait le contrôle sur ces dites actions et un échéancier acceptable selon les moyens de l’organisation. Du « sur mesure ». Aujourd’hui, leur politique en DD tient sur seulement trois pages autour de cinq axes : la gouvernance, l’accompagnement aux entreprises, le financement durable, le milieu de travail de qualité et l’environnement. Simple, clair, réaliste comme dit Sylvie Charette.

Chez Promotion Saguenay, le parcours est en tout point semblable.

« Chez nous, les employés étaient déjà motivés. Ils voulaient du recyclage, ils voulaient que l’on fasse plein de choses en environnement. L’autodiagnostic, entre autres, et l’élaboration du plan d’action nous ont donné une structure. Aujourd’hui, on a des actions précises avec des objectifs et une finalité… L’idée, ce n’est pas de faire 100 actions en une année et de s’arrêter là. Non, c’est de travailler en continu une année après l’autre et que les équipes développent une culture du développement durable. »

Une culture qui, bien sûr, dépassera les murs de l’organisation.

Des exemples inspirants

Les exemples de réalisation sont très inspirants tout autant chez ID Gatineau qu’à Promotion Saguenay. Chez ID Gatineau par exemple, on a choisi d’intégrer des critères ESG dans l’analyse des dossiers d’entreprises qui se tournent vers eux, et ce, en participant au parcours Financement durable. Et on les récompense plutôt que de les punir. L’entreprise qui intègre des pratiques de développement durable aura droit à un taux d’intérêt réduit. Chez Promotion Saguenay, c’est lors de l’analyse des projets d’implantation ou de construction d’une entreprise qui acquiert un terrain industriel que l’on ira dans le même sens, c’est-à-dire d’intégrer des considérations de durabilité dans la détermination des prix des terrains industriels. Il s’agit là de deux exemples inspirants d’incitatifs financiers mis de l’avant par des corporations de développement économique pour encourager l’adoption de pratiques d’affaires écoresponsables.

Le recyclage, le compostage, la consigne, tout comme l’économie d’électricité et la fermeture des appareils électroniques en fin de journée, ne font pas débat, au contraire, ces actions n’ont gagné que des adeptes, autant chez ID Gatineau qu’à Promotion Saguenay.

Soulignons une belle réussite au tableau d’honneur de Promotion Saguenay qui a obtenu la Certification Biosphère pour ses croisières internationales.  C’est la première escale de croisières de l’est du Canada à recevoir cette reconnaissance.  Rappelons que Promotion Saguenay travaille en étroite collaboration avec la Zone durable Jonquière, un écoparc qui est aussi un lieu de mobilisation pour les entrepreneurs qui adoptent des pratiques écoresponsables.

On comprendra que de telles démarches s’inscrivent dans tout un réseau qui s’inspire et s’influencent les uns, les autres. Mieux encore, leurs politiques sont en parfaite adéquation avec les visions de leurs villes respectives en matière de DD. Tout autant Sylvie Charette que Claudia Fortin parlent abondamment des liens que leurs organismes entretiennent avec tout un écosystème régional. Leurs démarches respectives font aujourd’hui de leurs organisations et de leurs employés des influenceurs dans le sens noble du terme.

« Nous sommes tous liés et solidairement dans toutes nos actions, nous dit Sylvie Charette. Ça va du citoyen consommateur, jusqu’à l’entrepreneur qui fait des produits pour lui, tout comme la ville, les décideurs, les gouvernements, et nous qui sommes une organisation parapublique, on est tous liés. »

Pour Claudia Fortin, une grande fierté se dégage de tout ce travail.

« Oui, quand on voit ces réalisations dans notre rapport annuel, on est fiers ! Ça démontre notre engagement en DD et on a l’impression de changer le monde. »

C’est probablement plus qu’une impression.

Vous souhaitez en savoir plus sur l’expérience de Promotion Saguenay et d’ID Gatineau, écoutez en rediffusion les témoignages de Claudia Fortin et de Sylvie Charette, partagés le 26 février dernier, lors du rendez-vous mensuel du financement durable.

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Par Errol Duchaine, conseiller en communication au CQDD

Photo (de gauche à droite) : Claudia Fortin, directrice générale adjointe de Promotion Saguenay, et Sylvie Charette, directrice générale d’ID Gatineau