Le ferme Villoise de St-Gédéon se distingue par bien des aspects.

« C’était exactement ce qu’on voulait quand on a démarré en 2018, nous explique William. On voulait se démarquer, offrir quelque chose de différent tout en respectant nos valeurs. »

Pour ce qui est de la différence, c’est réussi. La ferme Villoise est une des 20 fermes de porcs biologiques du Québec sur près de 2 000 entreprises d’élevage de porcs. Une rareté, 1 % des fermes porcines de la province.

William Et Andréa

Pour le portrait global de cette ferme, ajoutez à cela que William Suess Villeneuve et sa partenaire Andréa Maltais n’ont rien ménagé pour le bien-être de leurs bêtes et pour réduire l’impact de leurs activités sur l’environnement. En plus, dès le départ, ils ont mis tout en œuvre pour tisser des liens étroits avec leurs clients et multiplier les partenariats avec plusieurs entreprises de la région en agroalimentaire. Une véritable démarche écoresponsable.

« Tout cela, ça correspond à nos valeurs. On voulait protéger les sols, offrir le meilleur milieu d’élevage pour les bêtes, produire des aliments sains et travailler avec la communauté, soutient fièrement William. »

Le sol comme lieu de travail

Adopter les principes de l’agriculture biologique c’est, dès le départ, être guidé par des règles de respect de l’environnement et des animaux. Nos deux complices de la ferme Villoise appliquent ces règles sans aucune concession. Leurs terres ne reçoivent aucun engrais chimique ni pesticide, ce qui, entre autres, évite d’épuiser la terre et de polluer les cours d’eau et les nappes phréatiques. En plus, ils évitent de laisser les sols à nu à l’automne pour prévenir l’érosion et conserver le plus de valeurs nutritives aux champs. Pourquoi toutes ces précautions ? Simplement parce que pour les agriculteurs, leur plan de travail c’est le sol lui-même. Si le sol vieillit prématurément, ça ne se remplace pas avec du béton et de l’acier comme pour une usine neuve. Garantir la pérennité des terres cultivables n’est-elle pas un des plus bels exemples de pratiques durables en agriculture ?

Pour Andréa et William, il est d’autant plus important de prendre soin de leurs sols puisqu’ils produisent eux-mêmes l’alimentation pour leurs bêtes.

« C’était important pour nous, explique William. On ne voulait pas dépendre de fournisseurs externes, une question de qualité et, en même temps, on voulait éviter tout le transport pour cet approvisionnement. »

Des haies brise-vent et des bandes riveraines

Toujours au chapitre de la protection de l’environnement, ces fermiers ont planté des haies brise-vent. C’est une excellente façon d’éviter l’érosion et même de protéger leurs terres du vent qui pourrait transporter chez eux le pollen de fermes voisines utilisant des intrants interdits en culture biologique. Ils ont également entrepris d’implanter des bandes riveraines. Ce sont des bandes de végétation naturelle le long des plans d’eau qui les protègent et qui créent un habitat naturel pour les oiseaux, les insectes pollinisateurs et les petits mammifères.

« En 2024, souligne William, nous avons poursuivi notre travail en ce sens en participant au programme Prime-Vert du MAPAQ. On a planté encore plus d’arbres sur notre exploitation. Bien sûr, ça favorise la séquestration du carbone, mais en plus ça crée de l’ombrage pour les animaux et ça réduit même leur stress quand il fait trop chaud. »

Que demander de mieux ?

Poursuivons sur les préoccupations de ces fermiers à propos du bien-être animal. À ce chapitre, rien n’est laissé au hasard. Les porcs de la ferme Villoise peuvent sortir en toute liberté durant toute la belle saison. L’hiver, encore là, aucune cage dans la porcherie, les porcs peuvent aller et venir à leur guise et, détail, avec leur queue. Eh oui, à la Ferme Villoise elle n’est pas coupée.

Une production de niche

Se lancer dans une culture aussi nichée que celle de la production porcine biologique comporte un défi majeur. Celui de la rentabilité. On sait que le porc est une viande très bon marché. En élevage biologique, on ne peut rivaliser avec ces prix. On sait que les aliments biologiques sont souvent plus chers et c’est encore plus vrai pour la viande. Vous avez bien compris, tout ce que cela demande à l’éleveur en travail, mesures et aménagements particuliers.

Voilà pourquoi, Andréa et William ont tenu, dès le départ, à développer toute une gamme de produits transformés pour donner une plus-value à la viande de leurs bêtes et assurer une santé financière à leur entreprise. Toutes leurs saucisses, le bacon et les autres charcuteries sont produits en collaboration avec une entreprise régionale, La Salaison de Chicoutimi et, il va sans dire en respect des normes biologiques. Plus que cela, leurs produits sont exempts de nitrites et de nitrates. On voit là une continuité avec les pratiques écoresponsables de l’entreprise.

« On se préoccupe de la santé de nos clients. On veut qu’ils soient le moins possible exposés à des additifs controversés », nous explique William.

Des préoccupations environnementales et sociales, mais sans jamais rien négliger pour la qualité et le goût du produit. On peut facilement imaginer que l’alimentation de bêtes et leur cadre d’élevage en sont garants. J’aime bien entendre William Suess Villeneuve me parler des mélanges de blé, de pois et autres végétaux qu’il donne à manger à ses bêtes, évitant le maïs et le soya. Résultat : une viande persillée, plus riche et plus tendre, nous assure-t-il.

Vive la circularité

En plus, ce travail de transformation est l’occasion d’intégrer d’autres produits régionaux tels que la bière de la microbrasserie La Chouape et le fromage de Bouchard Artisan Bio. On voit là un véritable effort de mise en valeur de produits du terroir artisanal régional.

Le principe de circularité chez à Andréa et William ne s’arrête pas là. Pour alimenter leurs bêtes, ils récupèrent du tourteau (les résidus solides de l’extraction de l’huile) de la ferme Tournevent, autre exploitation agricole biologique de la région dont la réputation n’est plus à faire.

L’encrage dans le milieu est une valeur importante pour Andréa et William et pas seulement avec des partenaires commerciaux de proximité. Tous deux, ils multiplient les occasions d’informer leurs clients à propos de leur travail, de leurs valeurs et des pratiques écoresponsables mises de l’avant sur la ferme.

« On veut sensibiliser les gens à l’importance d’une alimentation responsable, explique William. On veut aussi qu’ils comprennent ce qu’est l’agriculture biologique. On croit que l’on peut ainsi encourager des jeunes à faire comme nous. »

Cette proximité avec leurs clients est rendue possible grâce aux échanges sur les réseaux sociaux, mais aussi directement sur la ferme où ils se font un devoir de les accueillir. Sur place, ils ont aménagé un kiosque de vente en libre-service. Eh oui, vous achetez les pièces de viandes ou autres charcuteries et vous payez au moyen de tous les appareils modernes, même s’il n’y a que vous dans le kiosque. Des caméras assurent la surveillance. Cette façon de faire permet une grande accessibilité des produits directement à la ferme, sans ajout de personnel.

« On fait confiance et ça marche », nous assure William.

Finaliste au Gala des Grands Prix Agroalimentaires 2025, dans la catégorie pratiques responsables, on ne peut que saluer le travail exceptionnel des copropriétaires de la ferme Villoise. D’autant plus qu’ils viennent de joindre les rangs des signataires de la Déclaration 2025 des dirigeantes et dirigeants d’entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour la transition vers l’écoresponsabilité.

« Pour nous ça allait de soi, nous confie William. On croit à l’importance des réseaux de changements. On croit aussi qu’il est essentiel de faire connaître nos façons de faire. Ça ne peut que servir d’exemples. »

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Par Errol Duchaine, conseiller en communication au CQDD

Photos : Ferme Villoise