Le Groupe Alfred Boivin pèse lourd. Quelque 400 employés, un chiffre d’affaires de plus de 100 millions de dollars et un classement parmi les 300 plus grandes entreprises du Québec. Depuis près de 80 ans, le Groupe saguenéen a créé une dizaine d’entreprises principalement en génie civil, transport routier, exploitation de carrières et sablières, construction et récupération de matériaux. Mais au-delà de la pérennité et de la prospérité du Groupe Alfred Boivin, ce qui nous intéresse ici aujourd’hui, c’est la place que ses dirigeants ont accordée aux pratiques écoresponsables au cours des dernières années.
 
                                    « C’est vrai qu’on a pris plusieurs décisions en ce sens-là, nous dit Stéphane Boivin, directeur général du Groupe Alfred Boivin. Mais quand vient le temps de parler de développement durable, on ne sait pas trop par où commencer parce que nos actions se sont échelonnées sur plusieurs années. »
Et Nicolas Vaillancourt, directeur général adjoint de poursuivre, « mais justement on vient d’entreprendre un examen pour recenser tout ça, pour le mesurer, le quantifier et poursuivre les actions qui nous semblent les plus importantes. »
Économie de carburant
Cela dit, on peut affirmer sans se tromper que leur recherche d’économie de carburant a été et est encore le défi le plus important pour une entreprise comme la leur. Vous aurez compris que lorsqu’on construit des ponts, des routes et autres gros ouvrages, on travaille avec du costaud, de la machinerie lourde qui demande des millions de litres d’essence par année. Ainsi, ils ont opté pour des poids lourds au gaz naturel compressé pour une partie importante de leur flotte.
« On sait que ce n’est pas la solution parfaite, admet Stéphane Boivin, mais présentement c’est la solution qui est disponible et qui donne un effet immédiat. C’est une réduction de 25 % d’émissions de GES pour tous ces camions. »
Pour ce qui est de leurs poids légers, les changements sont encore plus signifiants. À ce jour, sur une centaine de « pickup » et autres véhicules du genre, 50 % sont des véhicules électriques ou hybrides. Même les employés sont encouragés à participer à cet effort. Dans le stationnement du siège social de Chicoutimi, 20 bornes de recharge y ont été installées.
Récupérer de la chaleur
Cette recherche d’économie d’énergie est aussi présente sur plusieurs plateaux de travail de l’entreprise. Entre autres, dans l’atelier mécanique on a modifié le système de ventilation pour récupérer la chaleur émise par d’importants compresseurs. Résultat, quand ces compresseurs sont en activité, 20 % de l’atelier est ainsi chauffé par cette chaleur récupérée.
 
                                    « On sait qu’on est de grands consommateurs d’énergie, nous dit Nicolas Vaillancourt, alors on se doit d’être des citoyens corporatifs responsables. Par exemple, on a des génératrices que l’on utilise pour réduire la pression que l’on exerce sur le réseau d’Hydro-Québec durant les périodes de grande demande. »
L’un comme l’autre ne nie pas que certaines de ces actions ont d’abord été dictées par une recherche d’économie.
« C’est normal, affirme Stéphane Boivin, quand on modifie nos installations ou qu’on investit dans de l’équipement ça coûte très cher. Ça ne se fait jamais à coût nul. Mais si on réduit les dépenses en carburant et du même coup on réduit nos GES, c’est parfait. »
Prendre de l’avance
Très souvent les changements apportés vont au-delà du minimum souhaité. Pourquoi ?
« Parce qu’on s’est aperçu que ça en vaut la peine, nous dit Nicolas Vaillancourt. On veut être au-devant de la parade. Plusieurs actions que l’on a posées au cours des dernières années ne sont pas obligatoires aujourd’hui, mais elles pourraient le devenir demain. Nous, on aura une longueur d’avance. »
Une partie importante des activités du Groupe Alfred Boivin concerne la récupération. Encore là, c’est souvent l’argent qui est le moteur premier d’une réflexion au sein d’une entreprise quand vient le temps de se débarrasser des déchets de démolition ou autres rebus de construction. Mais à ce chapitre, nos deux interlocuteurs ont vu un changement important d’attitude au cours des 3 ou 4 dernières années.
« Aujourd’hui quand on parle de récupérer des matériaux, on ne veut pas seulement les détourner de l’enfouissement, on veut et on peut faire plus, nous explique Stéphane Boivin. Différents procédés nous permettent maintenant de récupérer des composantes qui peuvent être réutilisées par le client. On peut aussi soustraire de l’enfouissement des matières dangereuses qui peuvent être revalorisées. Dans bien des cas, sur une tonne de déchets qui serait partie pour l’enfouissement, au final il ne reste que quelques kilos. Donc aujourd’hui, quand on parle de ça avec un client, on ne parle pas juste d’argent, et rapidement, il nous envoie son équipe environnement et ça c’est très récent. »
Mieux encore, l’entreprise vient d’obtenir un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement pour l’aménagement d’un site permettant de récupérer de l’asphalte et du béton pour les transformer à 100 % en matériaux granulaires et pour les réintégrer dans des ouvrages.
Le bien-être du personnel et les liens avec la communauté
On sait qu’aujourd’hui, bien des entreprises ont compris l’importance d’accorder une attention particulière au bien-être de leurs employés. Le Groupe Alfred Boivin s’inscrit dans cette mouvance. Formations continues, garderie en milieu de travail et horaire flexible choisi par l’employé sont autant d’actions qui ont été mises en place.
Une autre réalisation dont messieurs Boivin et Vaillancourt sont particulièrement fiers est assurément leur collaboration avec Ilnu Transforme, une entreprise autochtone créée par Daniel Tremblay, lui-même Ilnu, qui récupère et valorise les palettes de bois. Cette entreprise favorise l’embauche de membres de la communauté de Mashteuiatsh pour leur offrir un lieu du travail stimulant et même de la formation. C’est en 2022 qu’est né ce partenariat nommé Kupetatsheu’s, qui signifie « bâtir un chemin ensemble ». Daniel Tremblay avait son entreprise, mais il lui manquait de la matière à récupérer, du volume. Il a approché le Groupe qui d’emblée a dit oui. Depuis 3 ans, le Groupe Alfred Boivin est un important fournisseur de palettes et autres résidus de bois pour que cette ressource soit réparée, récupérée ou transformée. Le Groupe fournit également de la machinerie, la logistique du transport et un savoir-faire. Mieux encore ils ont créé un pont avec plusieurs industriels de la région pour fournir cette matière première à Ilnu Transforme.
Pour ceux qui ont suivi l’actualité, le Groupe Alfred Boivin est au nombre des 100 leaders du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui ont adhéré à la Déclaration PME Durable 02 des dirigeantes et dirigeants d’entreprises pour la transition vers l’écoresponsabilité. Le Groupe affirme ainsi sa volonté de poursuivre l’adoption de pratiques d’affaires écoresponsables. Anticiper les normes de demain, réduire son empreinte environnementale et contribuer à des initiatives sociales positives ne sont pas que des engagements : ce sont des choix stratégiques qui renforcent sa compétitivité et son ancrage territorial. En s’engageant dans ce mouvement collectif, le Groupe Alfred Boivin démontre qu’il est possible d’allier rentabilité, responsabilité et innovation. Une preuve éloquente qu’aujourd’hui, bâtir l’avenir, c’est aussi construire durablement.
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Par Errol Duchaine, conseiller en communication, CQDD
Photos : Groupe Alfred Boivin